L’être humain est fondamentalement un être de désir et il importe, s’il veut trouver le bonheur, de donner priorité à ce qu’il aspire le plus profondément. Le grand bonheur, c’est Dieu avec la Vie qu’il nous propose. Il s’agit de ne pas manquer à ce rendez-vous pour lequel nous sommes faits.
Cet article s’inspire à titre particulier de l’ouvrage intitulé « Trouver Dieu en toutes choses – Pour que la vie trouve sa place dans la foi » (p. 21-55) de Pierre van Breemen, s.j., (éditions du cerf / médiaspaul, 1995) ainsi que du livre « Avec Dieu dans le quotidien » (éditions St-Augustin, retraite prêchée par Maurice Zundel aux religieuses de l’œuvre de St Augustin, en Suisse, en 1953).
À l’ère de la société d’abondance et de consommation avec ses mille et une facilités que nous procurent les avancées sur les plans techniques et scientifiques, plusieurs éprouvent néanmoins un profond sentiment d’insatisfaction.
Pour peu qu’ils soient vrais avec eux-mêmes, ils réalisent que rien ne leur manque sinon d’être heureux.
Cet état de fait se traduit par un sentiment de détresse voire de dépression qui sape l’énergie et la joie.
Un état dont la cause semble bien ne pas résider dans les circonstances extérieures, mais bien en nous-mêmes.
Désir de l’homme / Désir de Dieu
L’être humain est fondamentalement un être de désir et il importe, s’il veut trouver le bonheur, de donner priorité à ce qu’il aspire le plus profondément.
« Ayez le courage de faire ce que nous aimez le mieux » disait Maurice Zundel.
En lisant l’Évangile, il est difficile de passer sous silence cet appel fondamental à la conversion (métanoïa).
Celui qui est venu « pour que nous ayons la vie en abondance » (Jn 10,10) désire que nous donnions priorité à nos désirs les plus profonds afin de devenir véritablement nous-mêmes.
Se convertir afin de devenir pleinement soi-même
Se convertir n’est pas étouffer sa personnalité, c’est plutôt lui permettre d’atteindre son plein potentiel.
Dieu désire « que nous portions beaucoup de fruit » (Jn 15,8), bref, que nous soyons rayonnants et féconds.
Dieu a une idée plus haute de nous-mêmes que nous-mêmes, et il désire que nous mettions en valeur nos dons les plus précieux.
« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,14-16)
Un immense Amour nous précède
Être de désir, l’être humain est également un être de relation.
Il aspire à vivre des relations harmonieuses aux couleurs de l’accueil et du don.
Il a besoin d’aimer et d’être aimé, de donner et de recevoir.
Le désir de l’amour infini
Nous éprouvons le profond désir d’une véritable intimité avec Dieu, si bien que nous pouvons reprendre les mots de saint Augustin : « notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Toi. »
En raison de notre éducation, nous pouvons éprouver une certaine peur de Dieu bien que nous aspirions à vivre de son amour infini.
L’amour inconditionnel de Dieu à notre égard nous invite cependant à la conversion, car il souhaite pour nous « vie nouvelle et épanouissement ».
Ainsi en est-il de la bonté de Dieu : il souhaite pour nous ce qu’il y a de meilleur.
« Méprises-tu ses trésors de bonté, de longanimité et de patience, en refusant de reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse à la conversion ? » (Rm 2,4)
« Car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. » (1 Tm 2,4)
Dans l’Ancien Testament, la racine du mot péché, en hébreu, vient de la balistique et désigne le fait de « manquer la cible ».
« Pécher » pour un être humain, c’est « se tromper de bonheur » en quelque sorte.
Le grand bonheur, c’est Dieu avec la Vie qu’il nous propose. Il s’agit de ne pas manquer ce bonheur pour lequel nous sommes faits.
L’importance de nos décisions
Dans le concret de la vie, le choix de Dieu se traduit par diverses décisions, grandes et petites.
Charles de Foucauld se demandait « qu’est-ce Jésus ferait s’il était à sa place » afin d’éclairer ses choix, afin d’inventer les réponses qui soient dans la foulée du « Dieu de la Vie fait Homme ».
Également, se questionner sur « ce que nous aimerions avoir fait » dans telle ou telle situation donnée est une autre manière de se mettre à l’écoute de la « petite voix » qui sourd du fond de notre être.
Notons que ce nous aimerions avoir fait, après coup, n’est pas nécessairement ce que nous aimerions faire, sur le coup.
La bonne action, c’est celle que nous aimerions refaire, si c’était à recommencer.
Maurice Zundel dirait que nous avons soif de bâtir quelque chose de grand et de beau.
« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48).
La conversion, c’est devenir le visage du Christ pour les autres
Maurice Zundel nous rappelle que le vrai Dieu est intérieur à nous-mêmes. Il n’hésite pas à le qualifier de « pur dedans ».
Dieu ne trône pas au-dessus de nos têtes, il vit au cœur de notre être. Le ciel? Il est en nous.
« Il était dans le monde et le monde ne l’a pas connu », nous dit saint Jean (Jn 1,10).
Dieu a toujours été présent, mais c’est l’être humain qui souvent manque au rendez-vous.
Dans cette perspective, se convertir c’est cesser de « faire écran » au Dieu qui nous habite.
Il y a une générosité infinie qui nous habite et qui est remise entre nos mains.
« Dieu se propose toujours, mais ne s’impose jamais », dit Maurice Zundel.
Nous devenons réellement nous-mêmes dans la mesure où nous sommes en relation vivante avec le vrai Dieu qui nous habite, là où réside notre vrai moi.
Pour nous, la vraie vie, c’est vivre la transparence, c’est répondre à l’aimantation de l’amour divin qui nous fait entrer dans sa liberté.
La place du Christ dans nos vies
Jésus-Christ est précisément cette humanité pleinement transparente à la Divine Présence. Un Dieu qui transparaît plus qu’il n’apparaît, et qui s’incarne encore aujourd’hui dans la mesure où nous le laissons passer.
L’être humain idéal, l’être humain parfait, la personnalité pleine, c’est Jésus-Christ, et nous tous ne serons des personnes à part entière que dans la personne de Jésus.
« Ma vie, c’est le Christ » (Ph 1,21) disait Saint Paul.
Dans la perspective chrétienne, notre personnalité est d’être suspendue à l’aimantation de Dieu et d’avoir notre centre en Lui.
Depuis l’Ascension, Jésus a quitté le plan de l’histoire visible et il ne peut être visible qu’à travers nous. Étonnamment, l’incarnation est appelée à se poursuivre à travers nous.
La vie chrétienne? C’est être le visage du Christ pour les autres. Malgré toutes mes fautes, Dieu m’appelle, sans relâche, à cette grande vocation.
« Nous n’avons pas seulement été faits chrétiens, nous avons été faits Christ. » (Saint Augustin)
« Le Seigneur a besoin de nous, nous sommes la seule chance de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. » (Maurice Zundel)
Il dépend de nous que la lumière du Christ soit apportée au monde d’aujourd’hui.
Être aujourd’hui ce qu’il serait à notre place. (Charles de Foucauld)
Terminons en mentionnant qu’il importe de prier chaque jour Celui qui a le pouvoir de changer notre être à sa racine.
« Je vous conjure avant tout de prier ». (1 Tm 2,1).
Les idoles (chant de Noël Colombier)
Un thème parcourt tout l’Ancien Testament, c’est celui des « idoles ».
Les idoles constituent autant de fausses promesses qui peuvent laisser un goût amer de désolation et de mort.
Le peuple d’Israël est appelé à choisir la vraie vie, le vrai bonheur, la liberté véritable, et ce, en vivant l’Alliance avec le Vrai Dieu.
« Notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Toi. » (Saint Augustin)